Le tic-tac de l’horloge brise le silence de mes nuits blanches
Dépourvues de tout éloge tel un piètre artiste sur les planches
La lune a chassé le soleil, ses rayons sont froids
Mais leur lueur m’émerveille, si bien que le doute glisse en moi
Pourrais-je encore vivre un jour et faire face au monde menaçant
Croire encore en l’amour qui donne et si vite reprend
Je ne sais pas, je suis perdu, il fait si froid dehors
D’espoir, mon cœur est dépourvu de détourner ce triste sort
Alors je pars en voyage au bout de la nuit où les mots soignent les maux
J’embarque sans faire de bruit sur ce livre qu’est mon radeau
Nuits blanches et idées noires traversent mes ciels sombres
Les astres éclairent toutes ces histoires où les démons reviennent en nombre
Quand la dame blanche frappe à ma porte, son double obscur n’est jamais loin
Et dans ses bras, il m’emporte, me laissant seule au matin
Quand l’aube s’empare de l’horizon, quand le bleu du ciel remplace la nuit
Je cultive la déraison pour que ma folie porte ses fruits
J’arpente un monde où les souvenirs me quittent, je suis si bien dans ce néant
Mon âme est en orbite dans cet univers fuyant
Je devrais redescendre sur terre, cesser de disparaître dans la nuit
Avant que je ne tombe en poussière sous la clarté de l’infini
C’est triste et trop austère d’écouler sa vie dans la pénombre
Mais par delà quel mystère, mes pages sont-elles devenues aussi sombres ?
Alors je pars en voyage au bout de la nuit où les mots soignent les maux
J’embarque sans faire de bruit sur ce livre qu’est mon radeau
J’use de ma plume avec honneur, laissant couler l’encre sur mes doigts
Pour que les ténèbres soient douces et pleines d’ardeur, faire ce voyage au bout de moi
Un voyage au bout de la nuit, un périple dans un autre monde
Un voyage au bout de la nuit où jamais les rêves ne s’effondrent